Prendre un chemin différent - entrevue avec un entrepreneur talentueux, Cyril Mazur
Se différencier de la masse peut être excitant et terrifiant. Prendre le contrôle de sa vie n'est pas aisé: certains réussissent, d'autres échouent, la plupart ne prennent pas le risque. Cyril Mazur partage son expérience avec sa communauté.
Je connais Cyril depuis l'école primaire et nous avons, d'une certaine manière, grandit ensemble jusqu'au collège. Nous avons des compétences similaires, des chemins similaires, des études similaires, des environements familiaux similaires, des rèves similaires. Mais Cyril a toujours eu quelque chose qui me manque: le courage de réaliser ses rèves.
Cyril m'a inspiré d'une certaine manière en me lançant involontairement sur le chemin que je suis depuis des années. Chronique d'un entrepreneur pas comme les autres.
1. Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Alors, je m’appelle Cyril Mazur, j’ai 27 ans et je suis français. A l’âge de 15 ans, j’ai découvert la programmation et l’entrepreunariat Internet, et depuis j’ai créé et géré plusieurs web businesses avec succès, dans des domaines variés (Forex, publicité en ligne, site de rencontre, porno...).
2. Qu'est ce qui t'a poussé à devenir un entrepreneur ?
Je pense que c’est venu d’une façon très naturelle. A l’âge de 15-16 ans, j’étais littéralement un “geek”. Je construisait des tonnes et des tonnes de pages web, sans aucun appât financier derrière, juste parce que j’étais passionné et que ça m’éclatait. Mes sites web ont eu plus ou moins de succès, et j’ai réalisé que je pouvais les monétiser (avec de la publicité ou de l’affiliation...). Avant l’âge de 18 ans, j’étais déjà capable de gagner un revenu mensuel décent de mes activités en ligne, de quitter la maison de mes parents et de financer mes études par moi même. Une passion qui paye!
Quand j’ai obtenu mon diplôme, j’avais deux options: trouver un boulot (comme 99% de ma promotion) ou continuer dans mon entreprise web. J’ai choisi la deuxième option, parce que j’aimais la liberté et la flexibilité d’être “mon propre patron”. Et par dessus tout, je ne voulais pas d’un boulot qui m’accroche à un endroit géographique. Je voulais voyager et voir le monde, et la seule façon de le faire était de continuer mon business web.
3. Peux-tu nous parler de ta carrière ?
Dans mes premières années en tant que entrepreneur web, j’ai créé et géré plusieurs sites / communautés qui traitaient des animations japonaises et des mangas (j’étais fan, Dragon Ball Z était mon préféré). Ensuite je me suis tourné vers le porno, qui était un business très profitable jusqu’à l’arrivée de monstres comme YouPorn et RedTube. Ensuite j’ai vendu mon business et j’ai commencé un business de publicité sur Internet, en parallèle avec du marketing d’affiliation (casino en ligne, poker, Forex...), ce qui m’a conduit à fonder Forexagone.com avec deux amis (que nous considérons être la plus grosse communauté de Forex en France en ce moment). En 2013, j’ai fondé un site de rencontre de niche (rencontres pour ladyboys et transsexuelles), et je le gère toujours maintenant en 2014.
4. Combien de pays as-tu déjà visité ? Où vis-tu en ce moment et pourquoi ?
J’ai déjà visité la plupart de l’Europe, Amérique du Nord et une grosse partie de l’Asie. Si je compte, je ne sais pas, une trentaine de pays? Je suis maintenant à Chiang Mai (Thaïlande) alors que j’écris ces lignes, je reste ici pour un mois seulement. Avant ça, j’ai passé un an aux Philippines, qui est un pays où il fait bon vivre, mais je m’en suis lassé un peu et je voulais voir quelque chose de différent. J’aime Chiang Mai parce que c’est relax, il ne fait pas aussi chaud quand dans le sud de la Thaïlande (même en été), la vie est pas chère, et il y a beaucoup de choix de nourriture bonne pour la santé et pour les papilles. Ma prochaine destination sera Bangkok, que j’ai déjà visité plusieurs fois, mais ça ne me dérange pas d’y retourner, c’est une ville qui bouge avec beaucoup de choses à faire!
5. Qu'est-ce qu'une journée type pour toi ?
Même si je bouge souvent, j’essaye de rapidement me mettre dans une routine quotidienne, où que je soit. Je me lève à 6h, petit-déj, café, et j’allume mon ordinateur pour lire les news et mes emails. At 8h, je commence à travailler (programmation, rédaction...). A 11h, je vais à la gym. J’essaye de faire de l'exercice physique tous les jours, je trouve que c’est essentiel pour relâcher mon stress et me changer les idées. A 14h, déjeuner! Autant que possible j’essaye de manger dans des petits restaurants de rue, c’est authentique et pas cher. A 15h, mon café et je reprends le travail jusque 20h. Diner, repos et je vais au lit à 22h, afin d’avoir mes 8 heures de sommeil pour être en forme le jour suivant.
J’essaye de maintenir ma routine durant la semaine, et de passer mon weekend à explorer le coin où je vis, à faire des activités autour... Malheureusement, il arrive souvent que je ne respecte pas ma règle et que je continue de travailler durant les weekends. Surtout que je suis en phase de start up, et que comme toutes les start ups, ça demande beaucoup de temps. Aujourd’hui c’est dimanche (au jour où j’écris ces lignes) et je n’ai pas encore beaucoup visité Chiang Mai. J’essaierai de me rattraper le weekend prochain!
6. Tu as déjà créé et vendu plusieurs entreprises. Quel est le secret de ton succès ?
Pour moi, le secret de la réussite, c’est l'échec. J’ai créé et vendu plusieurs sociétés à succès, mais j’en ai aussi raté 10 fois plus. La clé c’est de savoir quand s’arrêter quand une idée ne marche pas, et d’apprendre de mes erreurs. Et j’ai fait beaucoup d’erreurs! Beaucoup de gens abandonnent après le premier échec. Mais pas moi, je suis passionné par ce que je fais, et je n’ai pas honte de mes échecs, parce qu’ils me permettent de grandir. J’essaye, j’apprends, et je répète jusqu’à ce que quelque chose de bien en résulte.
7. Si tu pouvais donner un conseil au Cyril de tes 16 ans, quel serait-il ?
En fait, je suis très nostalgique de mes jeunes années. Le Cyril à 16 ans était capable de passer des nuits entières devant son écran, à écrire des lignes et des lignes de code, boire beaucoup de café. Je ne faisais pas attention à l’efficacité, aux deadlines, aux cycles de produit... Je n’étais pas un business man. C’était une époque d’apprentissage, d’expériences, et je m’amusais. Je ne pense pas que j’aimerais de conseils de business au Cyril à 16 ans, cela tuerait sa passion.
8. Le problème le plus commun parmi les entrepreneurs est le symptôme des "20 derniers pourcents". Lorsque tu es parvenu à completer 80% d'un projet et qu'il ne te reste plus que 20%, comment parviens-tu à conserver ta motivation ?
Oui les derniers 20% sont toujours redoutables. Et je suis très mauvais pour les gérer. Jusqu’à récemment, je voulais toujours compléter mes projets à 100% avant de les ouvrir au public. Je ne supportais pas de montrer publiquement quelque chose d’incomplet, je voulais que ça soit parfait avant que les utilisateurs s’y inscrivent. Maintenant, j’ai changé ma façon de faire. J’ouvre mes projets au public le plus tôt possible (c’est ce qu’on appelle un MVP, Minimal Viable Product), donc j’obtiens des retours de mes utilisateurs dès le début, ce qui me guide dans mon développement. En faisant comme ça, c’est un processus de développement sans fin, parce que ça évolue toujours dans une direction ou dans l’autre, ça n’atteint jamais 100%. Que j’obtienne des retours positifs ou négatifs, ça me donne toujours cette motivation supplémentaire, soit parce que mes utilisateurs aiment mon produit et ça me rend heureux, soit parce qu’ils ne l’aiment pas et alors je dois le réparer. Dans les deux cas, ça casse la monotonie.
9. Reste-t-il une question que je ne t'ai pas posé et à laquelle tu aimerais répondre ?
Oui, j’aimerai parler du voyage et comment ça m’a aidé à mieux appréhender le business. J’ai beaucoup voyagé et fait l’expérience de la culture start up dans plusieurs pays dans le monde. La France, selon moi, et le pays où il est le plus difficile d’entreprendre. Trop de paperasse, de régulations qui freinent et qui servent à rien, trop de taxes, et une mentalité anti-entrepreneur générale.
Avant, je pensais que ça se passait comme ça dans tous les pays, qu’être entrepreneur DEVAIT être difficile et que les gouvernements N’AVAIENT PAS à nous aider.
Quand j’ai commencé à voyager et voir comment les choses marchaient à l’étranger, j’ai réalisé que ça ne devait pas être forcément comme ça. J’ai été introduit à de nouvelles façons de penser, et ça m’a aider à grandir, et ça m’a appris à puiser le meilleur de mon pays, et à puiser le meilleur du reste du monde. Et parler Anglais est très important bien sur. Ensuite, voyager et voir le monde, et voir mon propre pays depuis un point de vue différent, m’ont vraiment ouvert à poursuivre de nouvelles opportunités dont je ne soupçonnais même pas l'existence.
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